Emmanuel d'Alzon à Nîmes



Né au Vigan, étudiant à Paris, Montpellier puis Rome où il est ordonné prêtre en 1835.

On le voudrait à Paris et Montpellier, mais il choisit Nîmes où il est aussitôt promu chanoine et vicaire général honoraires par Mgr de Chaffoy. Il n’a que 25 ans et se montre tout de suite très entreprenant ce qui lui vaudra la réputation d’être un peu brouillon. Il a l’allure extérieure et le tempérament d’un méridional. Actif, impulsif, doté d’un franc-parler, il est parfois ironique mais il sait aussi être amical et chaleureux. Ainsi à propos de sa nomination comme vicaire général il écrit : « Allons, ne riez pas trop dans votre barbe à la pensée d'un blanc-bec de 25 ans assis gravement entre cinq ou six vieux, écoutant et répondant, interrogeant et objectant et enfin faisant tout comme s'il en savait autant que les autres. Il y a quelque chose qui me dit que c'est fort drôle d'être Grand Vicaire de si bonne heure, mais que voulez-vous y faire? »

Il est foncièrement antilibéral car pour lui la bourgeoisie se sert du libéralisme économique pour s’enrichir au détriment des plus faibles. Il apprécie cependant les innovations techniques (machine à coudre, téléphone, chemin de fer.. .) et s’en sert sans états d’âme. Il voit bien le mouvement européen vers la démocratie et plus de libertés, et il cherche à le concilier avec l’Eglise. C’est le sens du journal électoral qu’il crée à Nîmes, en 1848, avec des professeurs du Collège de l’Assomption : « Justice-Egalité »

Fortement attaché à sa région, sa langue, sa culture, il refusera toujours de quitter Nîmes, même pour un siège épiscopal : on parle en effet de lui pour Mende, Aire-sur-Adour et deux fois pour l’évêché de Nîmes.

Il a 29 ans lorsque Mgr Cart, le nouvel évêque de Nîmes, le choisit comme vicaire général en titre. Il le demeurera 39 ans. L’abbé d’Alzon refuse de loger au palais épiscopal et préfère la liberté d’un appartement en ville, et, plus tard, la modestie d’une chambre au Collège de l’Assomption (Collège Feuchères actuellement). Voici comment l’évêque explique son choix : « M. d'Alzon est un homme de Dieu, et un homme capable: voilà pourquoi il me convient; seulement, il me poussera et moi je le retiendrai. »

Son activité est débordante à Nîmes et dans le diocèse dont il bouleverse les traditions gallicanes. Il pousse à l’adoption de la liturgie et du bréviaire romains, sillonne les routes du département, visite les paroisses avec son évêque. Ses prédications dans toutes les églises de la ville et particulièrement à Ste Perpétue attirent beaucoup de monde. Ainsi, pour empêcher la fermeture de la chapelle du Collège Royal, sous le prétexte que les élèves catholiques y étaient moins nombreux que les protestants, il y prêche chaque dimanche après vêpres un catéchisme de persévérance à une assistance de plus en plus nombreuse.

Il est à l’origine d’œuvres nombreuses : un Carmel, un Refuge (pour femmes en danger), des Écoles populaires dans le département, une école d’adultes pour ouvrières et employées de maison, un orphelinat et école d’apprentissage et un centre de loisirs pour les adolescents (Œuvre Argaud), la Conférence de St Vincent de Paul (visites aux malades), l’œuvre de la Propagation de la foi, une bibliothèque populaire, une caisse de secours pour le clergé, l’œuvre de saint François de Sales (pour la conversion des protestants au catholicisme), des pèlerinages à L’Espérou (Mont Aigoual) dont il restaure la chapelle, N.D de Rochefort …

Cela ne l’empêche pas d’écrire de nombreux articles, en particulier dans La Liberté pour tous, la Revue de l’Enseignement Chrétien et La Croix Revue qu’il a créés.
Il prend en charge le Collège de l’Assomption qui connaîtra un grand rayonnement. Avec des professeurs, il y crée une association qui se scindera bientôt en deux branches : les religieux Augustins (de l’Assomption) et le Tiers-Ordre, fonde les Oblates de l’Assomption pour travailler avec les religieux dans les pays orthodoxes de l’Empire Ottoman, fait partie du Conseil Supérieur de l’Instruction Publique, se rend à Rome au Concile Vatican I comme théologien de son évêque, voyage dans l’empire Ottoman pour y implanter ses religieux, cherche à établir une université catholique à Nîmes, fait venir à Nîmes les Religieuses de l’Assomption pour y fonder une institution scolaire pour filles (Le Prieuré, actuel Institut d’Alzon) tout en entretenant une impressionnante correspondance évaluée à 40.000 lettres.

Il polémique volontiers avec les Protestants, crée des œuvres concurrentes, mais ses relations avec ceux qu’il appelait « nos frères séparés » sont toujours restées courtoises.

Jusqu’aux années 1870, il fut la personnalité du monde catholique la plus en vue du Languedoc par son action, son rayonnement, les relations qu’il entretenait avec des intellectuels français et étrangers, des évêques de France et d’autres pays, le nonce, des cardinaux à Rome, le Pape Pie IX lui-même qu’il a rencontré plusieurs fois et qui l’appelait son ami.

Il se tenait au courant des évènements politiques, des mouvements culturels et religieux qui agitaient l’Europe. Il s’intéressait beaucoup à la Russie et aux évolutions de l’anglicanisme.

Il ne se ménage pas jusqu’à ce qu’un accident de santé l’oblige à interrompre ou à réduire ses activités. La fondation et l’accompagnement des deux congrégations qu’il a fondées l’accaparent aussi beaucoup. Dès lors, il sera moins actif dans le diocèse.

Il a fortement contribué au dynamisme du jeune diocèse de Nîmes (rétabli en 1822). On retiendra de lui : son besoin de créativité, sa répulsion pour une certaine prudence masquant parfois une forme de paresse, un goût pour l’authentique et le simple, la volonté d’épouser son temps, la collaboration entre prêtres et laïcs, le nécessaire engagement des chrétiens dans la société, le nombre d’œuvres, en particulier sociales et éducatives, dont il a été l’initiateur, une foi centrée sur l’essentiel : le Christ et l’Eglise, et sur les vertus chrétiennes fondamentales : la Foi, l’Espérance et la Charité, l’horreur des dévotions secondaires, une juste place accordée à Marie…

Il est décédé dans son collège le 21 novembre 1880, alors que les forces de police allaient procéder à l’expulsion des religieux. 30 000 Nîmois se sont massés dans les rues pour ses obsèques célébrées à l’église Ste Perpétue. Déclaré « Vénérable », il est connu et prié en de nombreux lieux sur tous les continents. Si un miracle est reconnu, il deviendrait le premier Saint du « nouveau » diocèse de Nîmes.

Son corps repose, à côté de celui de Marie Correnson, co-fondatrice des Oblates de l’Assomption, dans la chapelle des Sœurs Oblates, 28 rue Séguier, à Nîmes.

Il est possible de s’y recueillir. Là aussi se trouve un « lieu de mémoire » qui lui est consacré et qu’on peut visiter.

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